vendredi 19 février 2010

E. Quelques maladies de la vigne


1° Le mildiou


Le mildiou de la Vigne est une maladie originaire d’Amérique qui fut observée en France vers 1878. Elle est due à un champignon (Plasmospora viticola) qui se développe sur tous les organes verts : rameaux, feuilles, grappes, vrilles (= organe qui s’enroule en hélice autour des supports).
Sur les feuilles, la maladie se manifeste par l’apparition de taches circulaires d’apparence huileuse (« taches d’huile ») de couleur jaunâtre. A la face inférieure apparaît une poussière blanchâtre : c’est la formation des « fruits » du champignon qui servent à la dissémination de la maladie. La maladie entraîne la chute des feuilles et, par conséquent, un retard de maturité, un degré alcoolique plus faible, un mauvais développement des bois en août, une plus grande sensibilité au gel, un retard à l’éclosion des bourgeons, et une incidence défavorable sur la production.
Les premiers traitements sont effectués lorsque les premières taches de mildiou sont observées dans le vignoble. La lutte pourra être arrêtée au début de la maturation des raisins en condition normale. Le dernier traitement se fera avec des produits de contact et appliqué sur le haut du feuillage afin de protéger celui ci contre le mildiou tardif (dit «mosaïque»).

2° L’oïdium

L’oïdium de la vigne fit son apparition en France en 1845. Il est dû à un champignon (Uncinula necator) qui se développe sur tous les organes verts.
Sur les feuilles on observe des taches diffuses de poussières grisâtres. La décoloration est moins marquée que dans le cas du mildiou, à la face inférieure apparaît un feutrage grisâtre.
La partie attaquée du limbe (partie large de la feuille) croît plus lentement, provoquant la déformation de la feuille qui se crispe. Sur les sarments, le même revêtement poussiéreux grisâtre se développe.
Les grappes et les grains contaminés se recouvrent d’une fine poussière grisâtre qui provoque des nécroses (=mortifications) noires. La croissance des parties atteintes est arrêtée, alors que la partie du grain sain continue de croître, par conséquent les baies éclatent et laissent apparaître les pépins. Ces lésions sont très favorables à la pénétration de la pourriture grise et compromettent la récolte.
Les grappes atteintes d’Oïdium peuvent transmettre des faux goûts au vin.
La conduite du vignoble devra privilégier l’aération de la végétation. Pour cela il faudra raisonner la fertilisation, pratiquer l’ébourgeonnage (=enlever les bourgeons inutiles), faire un effeuillage au niveau de la zone des grappes.
En Alsace, la stratégie de lutte consiste à démarrer les traitements au stade « boutons floraux séparés » c’est à dire juste avant la floraison : c’est à cette période que la vigne est la plus sensible. Les traitements se finiront au stade « fermeture de la grappe » voire au début de la maturation des raisins en cas de forte pression de la maladie.

3° La pourriture grise


La pourriture grise est une maladie due à un champignon (Botrytis cinerea) qui se manifeste sur les organes herbacés et sur les grappes :
- la pourriture pédonculaire : qui se manifeste sur la rafle (=queue) de la grappe en entraînant un flétrissement et souvent leur chute avant la récolte.
- la pourriture noble : qui se manifeste en période de sur-maturation sous certaines conditions climatiques et qui est recherchée pour l’élaboration de vins liquoreux type Vendanges Tardives et Sélections de Grains Nobles.

- la pourriture grise : qui est la forme la plus grave et qui affecte les grains de raisins par temps humide entre la nouaison (première phase de la formation du fruit) et la maturité.

Le champignon peut entraîner le dessèchement de boutons floraux avant la floraison et la chute précoce d’une partie ou de la totalité des grains.
L’attaque des grains à partir de la nouaison peut être due à la présence de débris de floraison. Les grains prennent une coloration grisâtre, ils brunissent et pourrissent en se couvrant d’un duvet gris. L’infection progresse à partir d’un grain malade vers les grains voisins par contact ou blessure.
La stratégie de lutte contre cette maladie consiste à mettre en place des mesures telles que l’enherbement (faire pousser de l’herbe), la réduction de la fumure azotée (fumier additionné à de l’azote), la maîtrise de la croissance de la vigne, l’aération du feuillage au niveau de la zone des grappes, et soigner la lutte contre les vers de la grappe et l’oïdium.


4° L’esca

Cette maladie très complexe (car plusieurs champignons entrent en jeux) se manifeste sur les ceps au moins âgés de 10 à 15 ans présentant des plaies de taille ou des blessures importantes. Les champignons perturbent alors l’alimentation du pied.
Bien que quelques cépages apparaissent plus résistants, aucun n’est à l’abri des attaques qui peuvent provoquer des dépérissements, suivis de la mort des pieds. La maladie peut présenter deux aspects :
- soit une altération du feuillage : décoloration internervaire (entre les nervures) qui évolue vers un dessèchement, les raisins grossissent mal, le développement de l’extrémité des bois en août (=aoûtement) ne se fait pas.
- soit une mort brutale du pied (apoplexie) : pendant les grandes chaleurs (juillet-août) et souvent à la suite d’un orage, le feuillage et les grappes se dessèchent brutalement.

Une coupe dans le tronc malade montre la présence de bois dégradé, clair et mou (amadou) entouré par une zone dure marron.
Aucun moyen de traitement curatif n’existe, seule la mise en place de moyens prophylactiques (qui préviennent la maladie) appliqués par tous les viticulteurs pourra limiter l’extension de ces maladies.
Les méthodes préventives sont : tailler le plus tard possible, limiter les grosses plaies de taille, les protéger, marquer et sortir les pieds présentant des symptômes, et tous les bois de plus de 2 ans. Il faut également brûler les bois des ceps malades et morts, ne pas les stocker en zone viticole.

5° Le phylloxéra

En 1863, les vignobles de Pujaut, dans le Gard, sont atteints par une mystérieuse maladie qui entraîne le dessèchement des sarments et des feuilles Ce fut le botaniste Planchon, directeur de l’Ecole de pharmacie de Montpellier, qui mit en évidence, dès juillet 1868, la présence des larves d’un puceron sur les racines malades. En enfonçant leur trompe dans les racines de la vigne, ces larves interrompent la circulation de la sève dont elles se nourrissent, entraînant à court terme la mort du cep. La maladie se répandit durant les années 1860 dans l’ensemble du pays. Le nom de l’insecte, donné par Planchon, avait à lui seul de quoi effrayer les vignerons : phylloxéra vastatrix (du grec phyllon, « feuille », xéros, « sec », et du latin vastatrix, « dévastateur »).
Dès 1870, Planchon établissait que le phylloxéra avait été introduit par des plans américains. Il fut démontré que, grâce à la texture ligneuse (similaire à celle du bois) de leurs racines, ces mêmes cépages résistaient aux attaques de l’insecte. Mais, après un engouement passager pour ceux-ci, les vignerons s’en détournèrent : les consommateurs étaient troublés par le goût amer des vins obtenus. Il fallait donc envisager le greffage des plants français. Le Languedoc fut la première région conquise. Bientôt, le vignoble national régénéré arriva à produire 57 millions d’hectolitres pour la décennie 1900-1909 (contre environ 53 millions de 1860 à 1869). Les modifications techniques imposées par la lutte contre le phylloxéra allaient entraîner des changements radicaux dans la culture de la vigne. La généralisation du greffage, l’emploi des engrais, la lutte contre de nouveaux parasites (tel le mildiou) nécessitèrent des capitaux de plus en plus importants, favorisant ainsi le capitalisme viticole. Incapables de rembourser leurs dettes, de reconstituer leur vignoble et de faire face à la concurrence des nouvelles exploitations hautement productives, beaucoup de petits vignerons s’exilèrent, d’autres devinrent ouvriers ou s’appauvrirent. Le radicalisme et le socialisme languedociens se développèrent sur le front de classe né de la crise du phylloxéra.


6° La virose, ou court-noué

Une vigne atteinte de court-noué présente des symptômes caractéristiques : aspect buissonnant de la végétation (les rameaux sont plus petits que la normale), jaunissement des feuilles ou apparition de taches de différentes couleurs, les rameaux présentent des entre nœuds courts et parfois des doubles nœuds, les grappes présentent des troubles de la fécondation (ils ne se développent pas). Cette dégénérescence est due à un virus qui se transmet soit par le matériel végétal contaminé, soit par l’intermédiaire de nématodes (petits vers) vivant dans le sol et porteurs du virus. Ces nématodes se nourrissent et survivent essentiellement sur les racines de la vigne qu’elles piquent pour se nourrir, transmettant ainsi le virus d’un cep à l’autre. Les contrôles sanitaires des pieds (plants certifiés) permettent de produire des pieds indemnes de virus. En revanche l’élimination des nématodes porteurs du virus dans le sol est difficile à obtenir. Ils peuvent survivre plusieurs années sur un morceau de racine. D’autre part, ces racines peuvent se trouver à des profondeurs supérieures à 1,50 m.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

peut-on utiliser la lutte biologique pour éliminer les nématodes porteur du virus de la virose??
merci

Anonyme a dit…

Pas de lutte biologique pour lutter contre le nématode... mais la vrai question, avant d'en vouloir au nématode, est de savoir s'il est bien l'origine du problème!!