vendredi 26 février 2010

E. Le vin du XVIIIe siècle à nos jours

Alors qu’au sud de la Méditerranée, l'essor de l’Islam met un frein à la production viticole, le vignoble européen ne cesse de s’étendre. Jusqu’au XVIIe siècle, le vin constitue la seule boisson stockable et sûre. Ce n’est qu’avec le développement des bières, l'importation des lointaines colonies du thé, du café et du chocolat faisant apparaître de nouvelles boissons, ainsi que le déploiement de l’eau courante, que le vin est détrôné. L’industrie du vin menacée par ces nouveaux venus reprend sa place avec l’invention de la bouteille et son développement rapide. Les premiers vins de garde donnent au commerce du vin un second souffle. Le château Haut-Brion fut le premier à commercialiser un vin de « réserve », vin pour lequel il a opéré une sélection pendant la vendange lui assurant une certaine qualité.
Pendant que la vigne s'étend autour du monde, la viticulture européenne, française en particulier, connaît son lot de problèmes. En 1731, Louis XV interdit les nouvelles plantations afin de stopper la production de vins médiocres, sauf dans des terroirs aptes à donner des vins de qualité. La Révolution française, en rétablissant la liberté de culture, et en morcelant les biens de l’Église pour les distribuer au peuple, va profondément bouleverser le paysage viti-vinicole français. La vigne et le vin deviennent les centres d’activités les plus importants, notamment en Europe du Sud où ils occupent en Italie 80 % de la population active. La révolution industrielle du XIXe siècle, en favorisant le développement des transports, va faciliter l’acheminement des produits et permettre l’essor de l’industrie du vin, asseyant la suprématie des vins d’Europe du Sud. On continue d'attribuer au vin les vertus d'une boisson hygiénique aux qualités antiseptiques.
Mais le phylloxéra, importé par mégarde des États-Unis dans les années 1865-70, plonge la viticulture dans sa première grande crise. Le vignoble européen décimé est heureusement sauvé par l'importation de plants américains résistants à l'insecte. La production française chute et ce sont les vignobles méridionaux qui en profitent, en mettant sur le marché des vins de moindre qualité.
Le XXe siècle est propice en révolutions industrielles et techniques. Les progrès de la recherche et de nombreux investissements permettent l’avènement d'une science du vin, l'œnologie. La qualité du vin se précise et la hiérarchisation des vignobles s'opère peu à peu pour arriver à celle que nous connaissons aujourd’hui.
Longtemps le perfectionnement, l'expansion et le développement de la culture de la vigne dans le monde ont été opérés sous l'impulsion des communautés religieuses. Au cours du siècle dernier, la recherche constante d’une meilleure qualité et l’importance culturelle accrue accordée au vin ont confirmé son rôle prépondérant dans la civilisation occidentale.

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